Contexte

Je suis Japonaise et j’ai peur. Peur des Britanniens puristes et de leur Empereur tyrannique.
Je suis Japonaise et j’aime mon pays. Mon pays défiguré par l’envahisseur. Le cerisier dans mon jardin ne fleurit plus et les enfants ne jouent plus dans mes rues. Mes rues sont ruine et mon peuple n’est que coquille vide dont l’on dispose s’il dérange trop. Hier, le quartier voisin a été rasé de la carte. Plus personne n’y vivait mais ça fait tout de même mal. La zone est interdite au public japonais. Les Britanniens, ils crachent à nos pieds en voyant nos traits asiatiques, en entendant notre accent trébuchant, en déchiffrant les caractères sur nos cahiers d’écoliers. J’ai sans doute oublié de le préciser mais j’étais professeur. Je le suis toujours. Je parcours les ghettos pour distribuer mon savoir et offrir de vieux cahiers jaunis.
Ils m’appellent Eleven, habitante de la Zone 11 depuis ma naissance.

Je suis Britannien et j’ai peur. Peur des Elevens qui détruisent la vie qu’on leur a imposée.
Je suis Britannien et j’ai un ami mêlé. Il nous parle souvent de sa mère Eleven qui ne parle plus ni ne cligne des yeux. Elle va sûrement bientôt mourir. Mais il n’en parle pas, de ca. Lui, il parle de l’époque où elle lui contait le Japon. C’est comme ca qu’ils appellent la Zone 11. Moi, je n’ai rien contre lui. J’ai juste peur des explosions et des balles perdues. J’ai peur des dates qu’on apprend en cours d’histoire -120 morts dans l’explosion visant l’Empereur en déplacement dans la Zone 6, un étudiant Britannien tué par une balle perdue lors d’une altercation entre policiers et Elevens. Mon espoir repose sur Euphemia ; notre princesse. Parfois, la nuit, je dors mal parce qu’on habite près d’un ghetto Eleven. Une fois, j’ai vu mon ami s’y rendre, mon ami mêlé. Souvent, mes parents me disent que je ne devrais pas le fréquenter. Mais il est mon meilleur ami.
Pourquoi sont-ils tous contre l’existence des Elevens ? Moi, je ne parviens pas à les haïr.